Le roman commence comme il finit : par une rencontre avec Suzanne, la grand-mère de l’auteure. Celle-ci décrète d’emblée qu’elle ne l’aime pas parce qu’elle a fait du mal à sa mère, irrémédiablement. Alors elle raconte, en remontant le fil du temps et des évènements : Suzanne Meloche est née en 1926 au Canada. Elle rêvait de liberté, d’une liberté totale, pour aimer, pour créer, pour exister, pour être tout sauf une femme ordinaire. Alors, un jour de 1952 elle choisit de poursuivre sa voie en abandonnant ses deux enfants, Mousse, 3 ans, et Antoine, 1 an.
Tu as fait un trou dans ma mère et c’est moi qui le comblerai.
Cette histoire m’a brisé le coeur, elle est d’une cruauté inouïe. Toute leur vie, les enfants de Suzanne chercheront leur mère d’une certaine manière, à la revoir, à essayer de recoller ce qu’elle a brisé, se heurtant à un silence et une volonté d’oubli. Car une fois qu’elle a choisi, qu’elle s’est choisie, Suzanne s’est interdit tout retour en arrière, malgré de fréquents retours d’élan maternel. Une famille explosée pour quoi ? quelques poèmes, des actions militantes, quelques amants, beaucoup de voyages, une fuite en avant permanente. L’auteure réinvente sa vie sans la juger mais sans cacher non plus le mal qui a été fait, le prix à payer pour ce désir fou d’affranchissement.
La forme du récit n’est pas ordinaire non plus, cette construction en brefs chapitres entrecoupés de citations. Au beau milieu du livre, cette photo d’une famille au temps où elle en était encore une, qui noue les tripes. Et cette langue déchirante et sublime, jugez plutôt :
Ma mère, fêlée du coeur. La permanence des éclats de verre laissés sous sa peau, traces d’abandon qu’elle porte en blason.
LA FEMME QUI FUIT, Anaïs Barbeau-Lavalette, Le Livre de Poche ★
Cela a l’air particulier comme roman… Je ne suis pas très attirée là comme ça.
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Je comprends tout à fait, a priori je n’aurai pas été vers le livre si on ne me l’avait pas donné à lire… et pourtant je l’ai aimé, vraiment, d’ailleurs je n’arrive pas à me le sortir de la tête !
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Je suis intriguée car je me demande à quel point je me sentirais proche de cette femme égoïste et assoiffée de liberté (mais j’ai fait le choix de ne pas avoir d’enfant) … Cette histoire paraît très dure, pas certaine que je l’encaisse bien. Merci pour le partage néanmoins ☺
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Justement c’est très ambivalent comme récit, l’auteure ne juge pas sa grand-mère, juste elle raconte et… à nous de nous faire notre opinion ^^. Mais oui, c’est une histoire difficile.
De rien pour le partage 🙂
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Sujet sensible ! j’ai très envie de le lire, tout en sachant que ça va me parler, sans doute me faire pleurer… Merci pour le partage.
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Oh oui très sensible, je trouve qu’il vaut vraiment la peine d’être lu, mais je ne te cache pas qu’il est difficile à encaisser… j’y pense encore !
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Ouch ça a l’air dur !!!!
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Finalement ce qui est fou c’est que l’histoire sur le fond est très dure, surtout avec le recul, mais que l’auteure l’a presque « adoucie » en donnant une forme assez particulière à son récit. Mais il n’en reste pas moins que tu refermes lel ivre avec un gros noeud à l’estomac…
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En fait je ne sais pas trop … sans doute pas en ce moment !
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C’est un sujet difficile, c’est vrai…
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