{Cinéma à la maison} Un Divan à Tunis

Il ne faut pas se mentir, on n’est pas près de remettre les pieds dans une salle de cinéma. Tandis que la sortie d’un très grand nombre de films a été repoussée in extremis, pour aider ceux qui sont sortis avant le confinement à trouver leur public autrement, le CNC a autorisé la diffusion à la demande (VOD) de titres très récents, au lieu d’attendre la durée des 4 mois habituels. A noter également que de plus en plus de cinémas vont proposer un service de VOD, ce qui nous permettra de les soutenir autrement.

C’est de cette façon que j’ai pu voir, chez moi, Un Divan à Tunis, sorti en salles en février dernier et que je vous recommande vraiment.

Selma souhaite ouvrir un cabinet de psychanalyse dans un quartier populaire de Tunis. L’intérêt d’une telle entreprise n’est pas vraiment comprise dans ce pays en pleine mutation qui a bien d’autres préoccupations, mais la jeune femme tout juste arrivée de Paris décide ne pas tenir compte de l’incrédulité ni des avertissements de son entourage.


Le film offre une alternance de moments mélancoliques et d’épisodes cocasses, car évidemment entre les patients qui défilent sur le divan de Selma et ses mésaventures administratives ubuesques, c’est un bel échantillon de personnages hauts en couleurs (et souvent représentatifs de la société tunisienne) qui nous est proposé. Car dès que l’on propose à des personnes de les écouter, de les écouter vraiment alors qu’elles sont persuadées de ne pas en avoir besoin, elles réalisent vite que c’est tout autre chose que de se confier à sa coiffeuse, celle-là même qui ne peut s’empêcher de venir même si elle jure à chaque fois que c’est la dernière ! Le tout enlevé par une sublime actrice qui prête sa voix grave à un personnage dont on ne sait pas trop les motivations – en dehors d’un vieux compte à régler avec Freud. C’est en dépit d’un petit goût d’inachevé un très bon premier film plein de tendresse pour un pays.

UN DIVAN A TUNIS, un film de Manele Labidi avec Golshifteh Farahani, disponible en VOD.

De Chez Moi #3

Xème journée de confinement, on ne sait plus à combien on en est ni quel jour de la semaine, en fait ! Ça vous fait ça aussi ?
Ici les « vacances » ont commencé, l’unique changement perceptible est l’absence de cours en direct pour les collégiens (chapeau bas aux enseignants, cela dit en passant) et la démultiplication des tentatives de les arracher aux écrans. Certains jours je ressens la même impression qu’un fauve dans sa cage et je rêve de sentir à nouveau l’herbe sous mes pieds, c’était un plaisir que je savourai déjà avant mais à présent ça me semblerait aussi précieux que de l’or.

Ok, en vrai le jour de la libération je vais plutôt ressembler à ça :

Mais fin de la page de nostalgie printanière, on sait bien pourquoi et pour qui on doit rester à la maison sans faillir.

Avez-vous mis en place des rituels ou de nouvelles habitudes pour rythmer vos journées ?
J’ai proposé dès le début à toute la famille de remplir ce Journal de Confinement, une page par jour, chacun à sa guise. Après trois semaines d’utilisation il faut reconnaître que l’inspiration n’est pas toujours au rendez-vous, mais on s’y tient à peu près et j’espère qu’un jour on le feuillettera comme un vieux souvenir.

S’il est difficile de convaincre tout mon petit monde de se coller aux jeux de société (du moins quand c’est possible, voir photo), je recommande d’ajouter un petit enjeu, du style choisir le film du soir… ici c’est Team Marvel contre Team films de vieux (c’est l’ado qui le dit…) !

Beaucoup d’artistes ont à cœur de nous faire passer de beaux moments, j’essaye de ne pas louper les parenthèses offertes par Jean-Louis Aubert ou M sur Facebook, Keren Ann tous les soirs à 22h sur Instagram, mais il y en a bien d’autres et pour tous les goûts.

Le temps est propice à la créativité : des illustrateurs nous offrent des pages de dessins à colorier ou à compléter, et je suis tellement fan de ce qu’est devenu le projet Coronamaison lancé par plusieurs artistes sur Twitter : à partir d’un cadre donné il faut imaginer le lieu de confinement de ses rêves. Ne pas hésiter à aller visiter le résultat ICI et pourquoi pas se lancer à son tour en téléchargeant le gabarit ! Je n’ai pas encore dessiné la mienne mais je compte bien le faire.

Pour ce qui est de garder la forme c’est évidemment problématique, les rares fois où je sors les poubelles (qui eût cru qu’on se battrait un jour pour avoir ce privilège ?) j’ai vraiment du mal à remonter mes quatre étages (et demi, j’y tiens). J’ai découvert les vidéos Walk at Home sur Youtube qui me font bouger un peu, et les garçons se sont remis à Just Dance. Rien ne remplace une balade en plein air, mais c’est toujours ça de pris pour réveiller les muscles.

Et chaque soir bien sûr, rendez-vous à 20H !

ET VOUS, COMMENT CA VA ??

De chez moi #2

Je viens de comprendre que le fait que les voisins écoutent de la musique d’une qualité discutable à longueur de journée en en faisant profiter toute la résidence peut devenir un motif de discorde assez puissant (les karaokés improvisés sur du Johnny ne jouent pas en leur faveur, pardon aux fans). Je me demande si en me penchant sur le balcon pour leur balancer une tomate (que je n’ai pas), je peux arriver à faire un strike.

Voilà comment, après plus d’une semaine, j’en viens à connaître tous les violons d’Ingres et les talents méconnus (qui auraient peut-être dû le rester dans certains cas) de mes compagnons d’infortune : unetelle se met à chanter a cappella à toute heure, ce qui a le mérite de faire fuir les pigeons qui ont une fâcheuse tendance à se prendre pour les rois du monde ces derniers temps ; un autre s’est pris de passion pour la sardine sous toutes ses formes mais avec une préférence pour la grillade (rappelons que toutes les fenêtres sont ouvertes). Je pense répliquer avec la cuisson à point d’une bonne friture accompagnée de sa goûteuse andouillette, à ce jeu-là hors de question que je perde.

Le basket en intérieur semble être devenu tendance sans que j’arrive à localiser exactement les joueurs pour leur faire boulotter leur ballon (les restrictions, vous comprenez), le gaming effréné en chambre avec insultes assorties a la préférence de mon jeune voisin du dessous (chez moi aussi ça geek chez les préados, mais s’ils prononçaient devant moi un centième de ce que j’entends ils passeraient le reste du confinement sur notre m2 de balcon).

L’heure est donc à la découverte, à la tolérance et à… la patience !

Prenez soin de vous ❤

De chez Moi #1

Voici déjà quelques jours que nous sommes tenus de rester à demeure. Pour situer le décor, je vis au 4ème étage d’un immeuble, dans un appartement de 65 m2 à partager à 4 + un chat (un gros chat, du genre qui tient beaucoup de place. On va être obligés de le manger, c’est évident).
En vis-à-vis, un immeuble jumeau distant d’une trentaine de mètres. Le printemps s’étant installé en même temps que l’interdiction d’en profiter, les volets en face ont commencé à se lever, les fenêtres à s’entrebâiller d’abord timidement puis de plus en plus franchement. J’ai découvert que des gens habitaient des logements que je croyais déserts. Que certaines personnes que je ne connaissais que de vue vivaient à tel endroit, bref je joue au Monopoly.

Hier, nous nous sommes tous dans un formidable élan lancés dans un grand  ménage de printemps ; jamais des vitres n’auront été nettoyées avec une telle synchronisation. Je gage que tout comme moi, mes compagnons d’enfermement guettent à présent l’apparition de la moindre fleurette dans nos jardinières rouges et vertes, comptant bien conserver jusqu’à la plus précieuse mauvaise herbe pour étoffer au maximum notre coin de nature, nous efforçant de ne pas trop jalouser les confinés-avec-jardin. Lorsque nous pourrons sortir nous nous reconnaîtrons entre nous : les pâlichons qui auront pris du gras là et là, et les bronzés musclés qui auront biné les fleurs. Mais ça n’aura alors plus d’importance du moment qu’on en sorte tous en forme.

Avec le mari on s’est demandé ce qui serait le plus chiant pénible : qu’il fasse un temps magnifique qu’on devrait se contenter de regarder par la fenêtre ou une météo maussade qui nous laisserait moins de regrets. Aujourd’hui que le ciel est triste nous avons notre réponse : au moins lorsque le soleil brille les fenêtres s’ouvrent en grand, on entend de la vie (oui, ça va vite me gonfler) et l’on peut toujours jouer les chats, affalés par terre à suivre le moindre rayon. Voilà, c’est ça : quand on va sortir on va tous être devenus de gros chats.

Pour l’instant nous nous comportons les uns et les autres avec grande pudeur (quelque chose me dit que lorsque le temps se réchauffera ça ne va pas durer, je te tiens au jus), mais nous avons tout de même rendez-vous ce soir à 20 heures pour applaudir à l’unisson, pas seulement pour remercier le corps médical qui lutte pour que nous retrouvions au plus vite une vie normale et encourager les personnes contraintes d’aller au travail, mais aussi un peu pour s’autocongratuler : allez, encore une journée de passée.

(oui je sais bien, un énième journal d’enfermement mais wouaouh, ça fait du bien d’écrire ! Courage à tous !!)