Dans Mille Femmes Blanches, Jim Fergus racontait l’histoire incroyable du troc conclu entre le chef cheyenne Little Wolf et le président Grant : 1000 chevaux contre 1000 femmes blanches, dans un but d’intégration et d’assimilation. L’ouvrage se terminait pourtant par l’attaque sans merci du camp indien en 1876 par la cavalerie américaine.
Parmi les survivantes du masssacre, quelques unes de ces femmes, dont les soeurs Kelly, Margaret et Susan, ont perdu leurs petites filles. Dès lors une obsession : prendre les armes et se venger. Dans le même temps, alors que le programme d’échange est terminé, un nouveau groupe de femmes arrive à un bien mauvais moment, mais impossible pour elles de faire demi-tour. Alors il va falloir s’adapter ou « périr ».
Même en enfer, on ne sait pas ce que c’est, la vengeance d’une mère.
C’est à travers les journaux tenus par l’une des jumelles mais aussi par Molly, une « nouvelle », que nous est transmise cette nouvelle histoire, qui reprend quelques ficelles du précédent tome – mais il est tout à fait possible de lire celui-ci sans avoir lu le premier. Molly raconte comment son groupe a dû s’adapter très rapidement aux moeurs et aux coutumes des cheyennes, mais aussi sa rencontre avec Hawk. Quant à la partie rédigée par Margaret, bien plus fleurie en termes de langage, il y est plus question de colère et de revanche, sans exclure toutefois quelques scènes drôles.
Jim Fergus excelle à nouveau à raconter l’histoire du point de vue de ces femmes meurtries, aux personnalités bien trempées et aux histoires si différentes, avec toutes pour point commun (y compris avec le peuple indien) d’avoir été mises au ban de leur propre société. De la lady à la servante, de la danseuse française à la mexicaine ou la norvégienne, chacune a ses raisons de se trouver là et pour toutes il n’y a pas de retour possible (risque de mort ou de prison). C’est un très bel hommage aux femmes, car qu’elles soient indiennes ou blanches, mères ou guerrières, toutes prouvent que la solidarité féminine n’est pas un vain mot, et que si espoir il y a ce sera grâce à elles. Hommage également au peuple indien et une réflexion sur l’Histoire américaine : qui sont les vrais sauvages dans cette histoire ?
Ce nouvel opus se dévore passionnément et se termine même sur une note d’espoir, au contraire de « Mille Femmes blanches« , ouvrant la voie à un troisième tome qui espérons-le ne mettra pas 15 ans à nous parvenir.
La Vengeance des Mères, Jim FERGUS, Le Cherche-Midi Editeur
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