1939. Caroline est une actrice new-yorkaise qui travaille en tant que bénévole au consulat français, se démenant pour envoyer des colis et trouver des dons pour les orphelinats ; Kasia est une jeune fille polonaise qui s’engage dans la résistance un peu par conviction, beaucoup par amour ; quant à Herta, médecin allemand ambitieux, elle accepte de travailler dans un camp de prisonniers. Voici trois femmes dont les vies vont être liées à jamais par les horreurs de la guerre.
Inspiré de faits et de personnages réels, fruit de toute évidence de recherches pointues, « Le Lilas… » suit leur itinéraire pendant et après la guerre, même si la majeure partie du roman est consacrée à la vie, ou plutôt la survie, d’un groupe de jeunes femmes envoyées à Ravensbruck, le camp de concentration pour femmes. Enfermées en tant que prisonnières politiques, certaines d’entre elles deviendront des « Lapins », c’est-à-dire des cobayes victimes d’expérimentations médicales abominables – passages très difficiles à lire. Tandis que Kasia, sa soeur et sa mère luttent jour après jour avec acharnement pour tenir bon, Herta obéit avec rigueur et et cruauté aux ordres qu’on lui donne.
Et lorsque la guerre finira, lorsque les survivantes s’en sortiront (pour certaines), la lutte ne sera pas pour autant achevée : le temps de la guérison, de la réparation sera venu, celui du pardon aussi, peut-être.
J’ai lu le livre en apnée, les pages se tournaient toutes seules après un démarrage assez lent, impossible à lâcher en dépit de ses presque 600 pages, suscitant toutes sortes d’émotions : empathie, colère, incrédulité… Ainsi le personnage d’Herta nous demeure hermétique et énigmatique : comment une femme peut-elle infliger à ses semblables pareilles tortures, blessures, souffrances ? Par ambition ? Par aveuglement ? Par soumission ?
Mais c’est bien celui de Caroline qui a le plus inspiré l’auteure (on pourra prolonger sa lecture par la découverte de son beau site), grâce sa maison devenue le refuge des « Lilac Girls ». La couverture et le titre sont trompeusement doux, même si on en découvre le sens après lecture, mais en dépit des épisodes tragiques qui y sont retracés il y est surtout question de soutien et de compassion, un livre d’espoir en somme.
LE LILAS NE REFLEURIT QU’APRES UN HIVER RIGOUREUX, Martha Hall Kelly, Editions Charleston