« Après », un bouleversant adieu

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Maintenant, elle n’est plus là. Je suis libérée d’elle, libérée de tout ça. Je n’ai plus besoin de rester ici. Désormais, je peux aller n’importe où, sans ancrage. La fin est un début et je ne le supporte pas. Je ne sais plus où est ma place.

Elayn s’est donné la mort. Sa fille Nikki (auteure de « La Mariée mise à nu » et de « Avec mon Corps ») se retrouve aux prises avec la colère, le chagrin, et tant de questions sans réponse. Pourquoi sa mère a-t-elle commis cet acte ? A quel point était-il préparé ? et surtout, pourquoi a-t-elle provoqué ce séisme parmi ses proches ?
Le plus dur c’est toujours pour ceux qui restent. Nikki Gemmel écrit pour essayer de comprendre Elayn, et aussi pour la faire revivre, encore un peu, livrant le journal intime de son deuil. Femme moderne et complexe, Elayn était éprise de son indépendance et n’aurait pas supporté de terminer sa vie en étant un fardeau pour elle et son entourage. Comme pour rajouter à la tristesse et à la culpabilité, sa mort est considérée comme suspicieuse, et c’est dans ces terribles circonstances que Nikki découvre l’étendue de sa souffrance face à des douleurs chroniques et son addiction aux médicaments.
Au-delà du débat sur l’euthanasie, l’auteure raconte la vie d’après, reconnait à quel point lui manque une mère qui pourtant s’est souvent montrée d’une grande cruauté avec elle et l’a même poussée à l’éloignement, même si leur relation tendait à s’apaiser sur la fin. En dépit de la tristesse, Nikki et sa famille en sont sortis changés, plus proches et plus forts, à la manière de ces kintsugi, ces poteries brisées que l’on rafistole de filets d’or.
C’est un texte très intime qui pousse à s’interroger, un acte de réconciliation d’une grande beauté et d’une immense honnêteté.

Ce que j’ai appris : qu’un parent ne peut pas façonner la vie de ses enfants à sa manière, même s’il en nourrit un désir profond. Nous devons prendre du recul et les regarder évoluer, devenir la personne qu’ils sont censés être, que ça nous plaise ou non. Nous devons nous tenir à l’écart, les accepter, et les aimer.

APRES, Nikki Gemmel, Au Diable Vauvert

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