Joker, clown triste

Je n’aime pas les clowns, ils me fichent vraiment la trouille, et ce n’est pas après avoir vu Joker que ça va s’arranger !
Que dire de ce film étrange qui semble diviser, mais qui à mon avis provoque forcément un effet sortie de salle proche de la sidération : « c’était quoi, ce qu’on vient de voir exactement ? ». Evidemment, on est à mille lieues du film de super héros (N’EMMENEZ PAS LES GOSSES !!!), même si on y croise furtivement un futur héros à cape noire ça n’a strictement rien à voir. C’est même l’antithèse de la construction d’un héros puisque pendant deux heures on assiste à la chute irrémédiable d’un homme sur qui s’acharne le monde. Dans un contexte déjà pas folichon, une société divisée au bord de l’explosion qui n’attend qu’une étincelle (ça se passe à Gotham City, mais après tout il n’est pas impossible d’extrapoler…), notre homme s’évertue à faire rire les gens en faisant le clown. Il prend soin de sa mère, voit sa psy toutes les semaines, craque pour sa voisine, est sympa avec les enfants… mais le sort semble lui en vouloir personnellement, et c’est à grands coups de batte de baseball qu’il va l’éclater au sol littéralement, d’ailleurs au bout de deux tabassages je commençais à me dire : c’est pas un peu trop, là ? »). Pas étonnant dès lors que la folie qui couve va se réveiller dans une grande déflagration, qu’on attend tout au long de la première moitié du film.

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Est-ce un bon film, formellement ? oui assurément, la mise en scène au top, la musique géniale, et bien sûr cette interprétation incroyable et inoubliable de Joaquin Phoenix. On aura rarement vu grimage plus flippant et plus expressif dans la douleur et dans la rage. Quelques scènes, souvent celles où il est pleinement dans son personnage de Joker et se met à danser, sont vraiment belles. Maintenant, ce n’est pas un film facile à regarder, il est très violent, et pas seulement parce que le sang coule, dans une atmosphère glauque et tendue il raconte comme une société fabrique ses propres monstres. Ici un futur grand méchant, mais ça aurait pu être un pauvre gars qui tourne serial killer, ce qu’on cherche à expliquer en racontant son enfance sordide.
Bref, un film choc et totalement désespérant qui incite à la réflexion, indéniablement marquant, mais 24h après je ne saurai toujours pas dire si je l’ai aimé ou pas…

JOKER, un film de Todd Phillipps avec Joaquin Phoenix, Robert de Niro… actuellement en salles

{Partenariat} L’Atelier Rosemood

Si comme moi tu aimes prendre des dizaines, que dis-je des centaines de photos, surtout à l’occasion d’un événement ou d’un voyage ou de l’automne avec ses feuilles qui tombent ou de la mer en hiver, ou… bref ! tu connais ce moment épineux du « Il faut que je fasse un album », moment que tu remets toujours aux calendes grecques. Exemple personnel au hasard parmi tant d’autres, notre voyage à New York remonte déjà au mois d’avril, et je m’étais promis en rentrant de faire un album souvenir rapidement, parce que tout de même, c’est une date marquante ! Et puis le temps passe, et puis on n’a pas le temps, du moins on ne le prend pas, nuance.

Du coup, la proposition de l’Atelier Rosemood de tester l’un de leurs produits est tombée à pic, m’encourageant à plonger dans mes archives américaines. Il s’agit d’un atelier de papeterie tout neuf basé à Nantes et qui s’est donné pour mission de chouchouter ses créations : faire-part, invitations, cartes, affiches, albums…

On sait bien que le plus long et le plus compliqué est de sélectionner les photos ! J’ai commencé par choisir le format graphique qui me semblait convenir pour un album photo consacré au voyage, mais si tu préfères le floral, l’élégant ou les rayures tu trouveras aussi ton bonheur. Ensuite, une fois que tu as bien compris la manière d’insérer les photos ça va vraiment très vite, d’autant que tu peux choisir le remplissage automatique, personnellement j’ai préféré procéder image par image, commençant par toutes les placer puis par revenir tranquillement sur chaque page, choisir la disposition, rajouter un peu de texte. On peut bien sûr varier les mises en pages, masquer les photos déjà utilisées pour gagner du temps. In fine tu peux choisir la qualité de ton papier et hop, in ze boite.

Rien de ce que j’ai raconté ici ne semble sortir de l’ordinaire si tu es habitué à commander des tirages, sauf que ce qui fait la grande différence de l’Atelier Rosemood c’est le service de retouche et de relecture, avec correction manuelle si nécessaire de la couverture et de l’intérieur. Voilà qui change des robots qui traitent les commandes en série ! Le résultat est vraiment chouette, ça me plaît de voir les photos plus grandes que je ne l’avais imaginé et si bien mises en valeur, la mise en page est aérée et claire et le tirage de grande qualité. J’aurai été ravie de compter sur un tel site lorsque j’ai fait mes faire-part de naissance et de mariage pour bénéficier d’un « sur-mesure », et je n’hésiterai pas à commander à nouveau sur ce très beau site.

Et toi, à jour de tes albums photo 🙂 ?

La Redoutable Veuve Mozart

Wolfgang Amadeus Mozart, 36 ans, vient de mourir, laissant derrière lui sa femme Constanze, ses deux garçons et des tombereaux de dettes. Sa veuve va dès lors consacrer le reste de son existence à assurer la postérité du défunt compositeur…
Après son fantastique roman « L’Embaumeur », Isabelle Duquesnoy nous présente la veuve Mozart, déterminée envers et contre tout à ne pas laisser le musicien, et surtout son oeuvre, tomber dans l’oubli, et pour cela tout sera bon : marchander ses compositions, trouver un étudiant pour achever une partition, retrouver son… squelette, débaptiser l’un de ses fils pour en faire le nouveau Mozart quitte à délaisser l’aîné (auquel elle s’adresse dans ces pages), repousser les prétendants, lancer la création d’un festival, ériger des monuments à la gloire… les prémices du marketing Mozartien !

Rien n’arrêtera la redoutable veuve Mozart, n’hésitant pas à harceler ou menacer, car Constanze est rancunière et n’oublie ni les vexations ni les outrages faits à son mari de son vivant, et on sent dans la réussite de son entreprise comme au fond elle savoure sa revanche contre ceux qui l’ont trahie ou ignorée. Voilà un personnage de femme drôle, parfois cruelle, au franc parler caustique et au vocabulaire truculent. On sent le travail de fond énorme effectué en arrière-plan et l’on apprendra plein de choses ahurissantes sur l’époque (entre autres exemples, le fait qu’un garçon risquait d’être retiré à sa mère passé ses sept ans faute de modèle paternel…). Une femme qui en fin de vie n’éprouve aucun regret d’avoir sacrifié ses fils à la gloire de leur père, et qui sait si sans un tel acharnement, Mozart ferait aujourd’hui encore l’objet d’une telle dévotion. Sacrée Constanze, bravo Isabelle !

LA REDOUTABLE VEUVE MOZART, Isabelle Duquesnoy, Editions de la Martinière

Retour à « Downton Abbey »

Qu’est-ce qui peut expliquer le succès d’une série – et maintenant d’un film – où le suspense est à peu près aussi épais qu’un sachet de thé anglais, où l’on tremble à l’idée que le soufflé retombe avant d’être servi à table, où l’on retient son souffle à la perspective d’une tache de sauce sur une redingote ? Peut-être parce que le temps justement y est comme suspendu, loin des mélodrames habituels et à 1000 lieues de notre quotidien pas toujours rose, évoquant un monde aussi exotique qu’un Jurassic Park en dentelles. J’ai même déjà parlé de la série dans un précédent blog (en 2014 !) et comme multitude de fans j’attendais avec un délice anticipé la version grand écran.

Alors disons le tout de suite, rien de bien nouveau sur les vertes pelouses de Downton Abbey ; et pourtant c’est drôle comme les personnages semblent autant jubiler que les spectateurs à la perspective de remettre les pieds dans le désormais mythique manoir. Et pour l’occasion il va falloir littéralement mettre les petits plats dans les grands, puisque le roi et la reine débarquent ! Voilà en gros pour le scénario, c’est un peu court jeune homme, en dépit de petites anecdotes secondaires effleurant des thèmes intéressants (comme le traitement de l’homosexualité à l’époque) sans les exploiter complètement.

Si on retrouve Lady Violet, la véritable star à en juger par les rires dans la salle à chacune de ses répliques, ceux qui n’ont jamais regardé la série risquent d’être un peu perdus ! Pour les autres, ce seront de belles retrouvailles avec les clans maîtres et serviteurs, avec chacun son monde et ses règles inaltérables.
Reste sur grand écran un film fort élégant avec ses décors et ses costumes, déployant toute son argenterie pour ce qui ressemble bien à un dernier baroud d’honneur.

DOWNTON ABBEY, un film de Michael Engler avec Michelle Dockery, Hugh Bonneville, Maggie Smith… actuellement en salles.

L’Age de la Lumière, Lee Miller & Man Ray

Lee Miller eut une vie hors normes : d’abord mannequin pour Vogue à New York, elle rencontre ensuite le photographe Man Ray à Paris ; elle devient sa muse, son apprentie (ensemble ils mettront même au point un nouveau procédé photographique, la solarisation), puis son amante avant de devenir reporter de guerre – elle sera notamment l’une des premières femmes à couvrir la découverte des camps de concentration. Comme on l’imagine, avec une existence pareille il y a déjà eu matière à écrire quelques ouvrages plus ou moins romancés sur Lee Miller, mais dans « L’Age de la Lumière » et comme nous en prévient la couverture, Whitney Scharer nous fait entrer dans l’intimité qu’elle partagea avec Man Ray, dans leur petit studio parisien. Leur passion et leur dévotion commune pour leur art, leur relation évoluant du respect à la passion, la jalousie puis la lassitude qui en viendront à bout. Le glas de leur histoire fut sans doute sonné par son besoin d’aventure, femme indépendante trop souvent reléguée au rang de jolie potiche qui dut combattre pour se faire une place dans l’art, à une époque où son compagnon trouvait normal de s’attribuer ses photos et ses découvertes.

Les épisodes de guerre ne sont que furtivement évoqués entre deux envolées amoureuses, comme pour mieux appuyer le personnage que fut Lee Miller, peut-être aussi pour appuyer le portrait peu flatteur qui est fait d’elle à la fin de sa vie : une femme mélancolique, ménagère gonflée par l’alcool et hantée par ses souvenirs, – peut-être pas la partie la plus utile, de même que la description crue de ses relations avec les hommes. Mais ce qui est vraiment réussi, c’est de découvrir le Paris de ces années-là sous l’œil de la photographe qui en arpente les rues, un œil vif et talentueux encore insuffisamment reconnu.

L’AGE DE LA LUMIERE, Whitney Scharer, Editions de l’Observatoire
Merci à Babelio pour la découverte !