Rina est fille et soeur de mafieux. A San Vito, petit village sicilien, Cosa Nostra est partout, dans le sous-entendu, dans les services rendus, dans les disparitions, dans la situation privilégiée dont bénéficie la famille de Rina et le respect dû à son père, le Dottore, celui devant lequel les villageois baissent les yeux. En grandissant, Rina (la Ciccia) commence à prendre conscience de la violence qui plane dans l’air, celle dont on ne parle pas.
Mais c’est surtout à l’âge de 11 ans que son univers bascule lorsque son père est assassiné dans son champ. Tandis que son frère Nino mène sa vendetta personnelle en cherchant l’assassin de son père tout en travaillant pour le parrain local, Rina commence à consigner dans son son journal intime les lourdes confidences de Nino avec tout ce qu’elles impliquent.
Lorsqu’il est à son tour assassiné, elle décide de briser la loi du silence.
L’odeur de la mafia, je ne vous en ai pas encore parlé. Sachez juste qu’elle est en suspens partout où vous mettez les pieds ici. Elle précède tout. Même son silence.
C’est une véritable tragédie inspirée de faits réels que nous raconte ici Carole Declercq, qui est tellement bien parvenue à entrer dans l’esprit de cette jeune sicilienne que son histoire vous prend aux tripes jusqu’à la fin. La maturité de Rina est frappante, l’instinct de sa mort à venir (comme celle de son frère était prévisible), la conscience que son geste sera considéré comme la pire des trahisons, ce qui ne ne l’empêchera pas de mener son combat pour la justice jusqu’au bout, mue par l’espoir que si l’on brise le silence, les morts cesseront et le monde changera enfin. Alors à Rome elle se cache auprès de sa belle-soeur, changeant de nom et d’adresse, collaborant avec la justice. Rejetée par son village natal, reniée par sa propre mère, elle trouve chez le juge anti-mafieux Borsellino une figure paternelle à laquelle se raccrocher – sauf que sa chute à lui entraînera la sienne.
Avec les mots si vivants prêtés à Rina, l’auteure nous fait ressentir toute la faculté d’indignation et le courage, en dépit de toutes les intimidations, d’une jeune fille en colère, car la mort, pour les siciliens, est quelque chose à laquelle ils font face sans trembler. Ne passez pas à côté de ce récit fort qui redonne vie à celle qui a été capable à elle seule de briser l’omerta et de faire trembler la « pieuvre ».
Me voilà à dire, comme par le passé, que la vie a ceci d’intéressant qu’il y a toujours quelque chose de neuf à découvrir et que ça vaut le coup d’avancer quand même.
FILLE DU SILENCE, Carole Declercq, Terra Nova
~ A noter qu’une interview de l’auteure est à découvrir chez Books, Moods and More
Eh bien… si je ne l’avais pas déjà adoré, je le lirais immédiatement ! J’aime tellement l’idée que Carole Declercq a offert une seconde existence, éternelle, à travers son roman !
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Tout à fait, je ne connaissais absolument pas cette histoire pourtant forte et édifiante, c’est un si bel hommage !
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L’auteure s’est visiblement bien documentée sur le sujet… J’ai entamé un livre ultra connu sur la mafia, celui de Roberto Saviano. Mais je l’ai mis en pause pour le moment car j’ai envie de lectures plus légères.^^
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Oh mais celui-là devrait aussi te plaire alors, même s’il est légèrement « romancé »
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Ouah ça promet ! Je note, merci beaucoup !
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🙂
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Namaste !
Petite parenthèse pour vous dire que vous êtes officiellement nommés :
au Blogger Recognition Award: https://teatimeatbloomsbury.wordpress.com/2018/06/17/blogger-recognition-award/
J’espère que vous accepterez cet award, 😉
Bon dimanche et à très vite
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Il est accepté avec grand plaisir 🙂
A très vite !
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Ravie que tu l’aies apprécié toi aussi ! ❤ :*
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Merci à toi de me l’avoir fait connaître ^^ !
Plein de Bises
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