Il y en a qui partent élever des chèvres ou entrent dans les ordres pour oublier ou pour se faire oublier, Lili, elle, a décidé de partir pêcher la morue, le crabe et le flétan en Alaska ; dans un milieu en majorité masculin particulièrement rude et rugueux, le « moineau » va devoir lutter pour s’imposer, s’adapter et se faire adopter, ne pas se laisser décourager. Car du courage il en faudra, aucun privilège ni traitement de faveur ne lui sera concédé, bien au contraire.
« Ça c’est la passion », dit un personnage. C’est le moins qu’on puisse dire ! Pourquoi cherche-t-elle autant à souffrir, Lili ? Ce qu’elle semble vouloir c’est s’épuiser, presqu’à se tuer, abandonnant derrière elle on ne sait qui ni quoi, en tout cas espérant se faire oublier, rêvant d’aller au bout du monde et au bout d’elle-même, luttant contre les éléments (et les humains) avec force, rage et entêtement. Peu à peu elle trouvera sa place, pas seulement en tant que mascotte mais en tant que véritable marin aux capacités recherchées et bénéficiant de la bienveillance de ses désormais collègues (et sans doute de sa réputation construite à la force des muscles), dans un univers d’errance et de solitude où les rêveries des marins à terre se terminent systématiquement en beuveries et où une séance de pêche devient la pire des scènes de boucherie.
Il y a beaucoup de longueurs et de poissons dans cet ouvrage, de sorte qu’on finit un peu par se lasser sur la fin, mais il n’en reste pas moins que longtemps après lecture on reste secoué comme sur le pont d’un bateau en plein tangage et fouetté par des palanquées d’eau glacée ; c’est inattendu, surprenant et ça secoue sur le bastingage !
L’important c’est de tenir bon, regarder, observer, de se souvenir, d’avoir de la jugeote. Ne jamais lâcher. Jamais te laisser démonter par les coups de gueule des hommes. Tu peux tout faire. L’oublie pas. N’abandonne jamais.
Le Grand Marin, Catherine POULAIN, Editions de l’Olivier.
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