Le 9 août 1945, la ville de Nagasaki est bombardée par les américains. Amaterasu y a perdu sa fille Yuko et son petit-fils Hideo. Des décennies plus tard, alors qu’elle a refait sa vie aux Etats-Unis, un homme terriblement défiguré se présente à sa porte en prétendant être ce petit-fils disparu…
Alors qu’Ama se refuse à le reconnaître, les souvenirs affluent : elle se remémore sa fille, sa propre jeunesse, la vie d’avant Pikadon (la bombe). En se plongeant dans les journaux de Yuko elle entre dans son histoire intime, celle d’une jeune fille qui éprouva un amour passionné pour Sato, un médecin qu’elle connut par son père et contre lequel sa mère s’est acharnée à la protéger – jusqu’à la tragédie.
C’est un premier roman extrêmement réussi, avec de toute évidence un immense travail de documentation en amont, car l’auteure réussit la prouesse de nous faire vivre la catastrophe de Nagasaki comme si on y était. L’horreur de toutes ces vies dévastées, et la tentative presque immédiate de retrouver une vie normale, avec sagesse et sans esprit de vengeance. « Continuer, endurer, vivre. »
Au-delà de ces atrocités, c’est aussi un très bel hommage à ce pays – et à la femme japonaise. Chaque chapitre commence par définir un terme ou un concept japonais et donne le ton à ce qui suit. Sur cette passionnante toile de fond on suit avec plaisir l’histoire d’une famille où les secrets sont nombreux. Ama, de vieille dame discrète qu’elle est, m’a parue assez antipathique : elle repousse de toutes ses forces son mystérieux visiteur alors qu’elle a le pouvoir de lui rendre son identité, comme pour se refuser une chance au bonheur dirait-on, plutôt par orgueil me semble-t-il. De même le personnage du fameux médecin ne m’a pas paru bien clair dans ses sentiments et son comportement.
Secrets, culpabilité, ressentiment… Il me semble après lecture que je resterai longtemps marquée par le contexte historique qui m’a même poussée à faire des recherches supplémentaires, mais en soi c’est déjà une belle réussite que de rendre hommage à toutes les victimes de Nagasaki, et j’ai passé grâce à La Voix des Vagues un moment d’évasion très fort.
Nous n’avons pas parlé d’amour quand nous nous sommes quittés. Nous ne parlerons plus d’amour quand nous nous reverrons. C’est inutile. Il est le secret que je brode en mon coeur.
La Voix des Vagues, Jackie COPLETON, Les Escales
★ Merci aux Editions Les Escales pour cette belle découverte ★