La Vieille Dame qui avait vécu dans les Nuages

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Mary Browing, 87 ans, rencontre la jeune Elyse dans un groupe de lecture ; leur amitié lui inspire l’envie de raconter enfin son histoire personnelle sous prétexte de lui dicter son autobiographie.
Mary/Miri rêvait de voler depuis qu’elle était enfant, mais à une époque où même le port du pantalon était considéré comme subversif, on imagine les difficultés et les embûches rencontrées par les femmes ne serait-ce que pour obtenir leur brevet. Cet état de fait était encore méconnu jusqu’à récemment, pourtant elles aussi se préparèrent activement à la seconde guerre mondiale, jusqu’à la dissolution de leur unité en 1944.

Le roman de Maggie Leffler, très instructif, est donc une très belle occasion de leur rendre un hommage mérité. Les personnages sont vraiment beaux, et celui d’Elyse ne sert pas que de prétexte à découvrir les aventures de Mary, son amitié avec la vieille dame est vraiment très touchante. Le ton n’est ni larmoyant ni mélancolique, au contraire il est énergique et plein d’humour, en dépit de sujets parfois graves comme le choix (la nécessité ?) de parfois renier son identité pour avancer, avec les conséquences que cela implique. Bref, en dépit de quelques grosses ficelles, voici une belle lecture qui à la fois distrait, émeut et instruit, et fait passer un très bon moment.

Plus vous craindrez que ce truc se passe mal, plus vous vous conditionnerez pour que ça se passe mal. Ne vous rendez pas prisonnière de vos propres pensées. Ce n’est pas très conseillé – sauf pour un écrivain, par exemple.

La Vieille Dame qui avait vécu dans les Nuages, Maggie LEFFLER, Harper Collins

★ Merci à Babelio et aux Editions Harper Collins ★

Point de vue sur KidExpo

C’était le week-end dernier Porte de Versailles, c’était plein de monde, très bruyant, coloré, divertissant… mais une fois par an c’est suffisant ! En attendant, la liste au père Noël est déjà prête…

Les Mains Lâchées, tellement poignant

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Madel est journaliste pour une petite télé locale sur Tacloban, une petite île des Philippines. Ici, on a l’habitude des ouragans, mais lorsque le typhon Yolanda traverse l’île il ne laisse derrière lui que chaos et désolation. Madel, elle, n’arrive à retrouver ni son ami Jan avec lequel elle se trouvait, ni l’enfant qu’on leur avait confié et dont elle tenait la main au moment où une immense vague a submergé leur maison.

Anaïs Llobet nous fait le récit heure après heure de « l’après ». D’abord le choc devant la dévastation et la mort, puis sa tentative pour le surmonter : elle fait immédiatement le choix d’être utile en se conduisant non pas comme une simple survivante, mais en agissant et en témoignant comme une journaliste. En s’efforçant, comme tous les philippins qu’elle croise et qui nous racontent leur histoire, de garder l’espoir que les proches ont survécu, Mabel essaye tant bien que mal de continuer à exercer son métier, à informer, tout en observant de loin la guerre indécente de médias cyniques qui espèrent des images choc pour le journal télévisé du soir, ou des collègues à la recherche de « larmes télégéniques » au risque d’y laisser leur âme. Souffrant de son impuissance, Mabel s’efforce de garder du recul pour ne pas s’effondrer, car le typhon ne laissera personne indemme, pas même les survivants.

Témoignage déchirant d’une catastrophe et de ses conséquences, preuve s’il en était encore besoin de la cruauté du monde où une catastrophe chasse l’autre dans les médias, « Les Mains Lâchées » se lit d’une traite sans que l’on puisse reprendre son souffle.

Voilà, c’est ça, le fond de l’horreur. Cette petite flamme d’espoir qui nous lacère le coeur, qui n’en finit pas de nous ronger l’âme. Et quand on décide de l’éteindre, en la pinçant de deux doigts, c’est au prix d’une brûlure qui ne nous quittera jamais. La brûlure de l’oubli.

Les Mains Lâchées, Anaïs LLOBET, Editions Plon

★ Lu dans le cadre des Matchs de la Rentrée Littéraire de Price Minister #MRL16 ★

Les petits Glaneurs

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A chaque saison sa balade et sa récolte, quand j’étais gosse je me souviens que mes parents avaient leur coin à champignons, avec mes garçons j’ai une préférence pour la quête de la châtaigne (grillée, miam, l’une des meilleurs odeurs au monde !), j’ai aussi sur mon balcon tout au fil de l’année une belle collecte de marrons, de pommes de pin, de feuilles d’arbres, de plumes ou de coquillages ramassés par Minimoy au gré des promenades.

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Et qui dit cueillette, pour les semi-citadins que nous sommes, dit aussi virée à la ferme et stock de pommes pour l’hiver : à nous les compotes, tartes, crumbles…

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 Un Lundi à deux chez Alice & Zaza ★

Les Douceurs de l’Automne

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Il faut s’y faire, les jours raccourcissent et les températures baissent, la tentation est grande de commencer à hiberner alors luttons ! En surveillant les variations du ciel, en s’offrant des moments douceur, en traquant arabesques, petites fleurs et couleurs… et en se laissant aller à cocooner de temps en temps.

Bonne fin de week-end à tous !

 

L’Insouciance de Karine Tuil

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Romain est un soldat de retour d’Afghanistan ; durant son séjour de décompression, il rencontre la journaliste Marion Decker, mariée à un richissime homme d’affaires, François Vély. Alors que celui-ci fait l’objet d’un scandale médiatique, il reçoit le soutien inattendu d’Osman, un ancien ministre ami d’enfance de Romain.

Quel beau titre pour un roman qui parle de la violence du monde. C’est la guerre à tous les étages : dans les rapports sociaux, les conflits familiaux, jusque dans les relations amoureuses… le conflit est général, autant international que personnel.
L’auteure entrecroise histoires d’amour et de pouvoir, scandale médiatico-politique avec des sujets aussi contemporains que le communautarisme ou l’identité, ses sujets de prédilection. Ses personnages sont plus différents les uns que les autres et pourtant leurs trajectoires vont fatalement se croiser et être inextricablement liées – incroyable construction littéraire comme les pièces d’un puzzle complexe qui finissent par s’emboiter à merveille.
Avec une lucidité impitoyable elle brosse le tableau d’une génération en perte de repères et de valeurs, d’une société qui a perdu sa légèreté et n’arrive même pas à la préserver dans les comportements amoureux ; ses personnages s’imaginent que tout est acquis, alors qu’au contraire tout est d’autant plus fragile que les rapports de force sont accentués par la médiatisation à tout crin – ce n’est sans doute pas un hasard si ses personnages en rappellent de bien réels – et que lorsqu’on est dans la lumière il est facile d’y rester – plus dure sera alors la chute lorsque survient le moindre dérapage. Solidement documenté et nourri de faits réels, le roman de Karine Tuil raconte la fin de l’insouciance et le début de la violence, comme une photographie au jour d’aujourd’hui de notre société dans ce qu’elle a de plus brutal – et ça ne fait pas toujours plaisir à lire / à voir.

On devrait toujours se souvenir que dans la vie, la seule constante, c’est la déception.

L’Insouciance, Karine TUIL, Gallimard

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Les Règles d’usage, roman lumineux

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La mère de Wendy, 13 ans, travaille au World Trade Center à New York. Un certain matin de septembre 2001, elle part et ne revient plus.

Comment fait-on, après la disparition d’un proche, lorsque les règles d’usage ne s’appliquent plus ? Comment continuer, se reconstruire, faire le deuil impossible puisqu’il n’y a pas de corps ni de cérémonie ? Mais plus que le long cheminement du travail de deuil par une adolescente, c’est l’histoire d’une famille aimante fragilisée par le drame que nous raconte Joyce Maynard avec l’immense talent qui est le sien et qui grandit de livre en livre.

Wendy, son beau-père Josh, son petit frère Louie, et ce père démissionnaire qui réapparait après tant d’années… Il y a tant d’amour chez ces personnages qui chacun à leur façon, passé les premiers moments de sidération et de désespoir, chacun de leur côté vont réagir à la peine, au manque, à la disparition de Rachel, cette mère adorée et fantasque. Alors que Wendy est dans une période adolescente délicate, elle va décider de s’offrir une parenthèse en Californie, obéissant à la nécessité de s’éloigner de sa famille et du lycée, apprendre à connaître son père et sa compagne Carolyn, faire des rencontres comme celles d’un libraire père d’un jeune autiste, d’une toute jeune maman paumée ou encore de ce garçon fou de skate à la recherche de son frère. Grandir, malgré tout, avec une vision nouvelle de l’existence.

Elle entendait presque la voix de sa mère. C’est dangereux, dangereux. Quelle importance ! Tout était dangereux. Une fois que le pire était passé, on pouvait faire n’importe quoi.

Toutes les personnes qui traversent le livre de Joyce Maynard sont attachantes, même Garrett, son père qui a fui ses responsabilités mais tâche de faire ce qu’il peut. L’amour, l’amitié (celle, forte et indéfectible, qui la lie à Amélia), l’affection filiale (comme j’ai trouvé touchante sa relation à son petit frère !), l’importance aussi des livres dans lesquels on peut se réfugier ou se reconnaître comme le Journal d’Anne Frank auquel il est souvent fait référence, une autre adolescente qui tâche de comprendre le monde dévasté dans lequel elle vit, mais trouve toujours de l’espoir même dans la pire des situations. Un roman fort et plein d’espoir qu’on quitte à regrets.

Les parents, dit-il. Le mieux qu’on puisse espérer, c’est que leurs enfants leur échappent avant qu’ils leur aient fait trop de mal.

Les Règles d’Usage de Joyce MAYNARD, Editions Philippe Rey  ★

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Sinon en ce moment il y a un livre des Editions Charleston à gagner sur mon Instagram Bouquins, si tu veux jeter un oeil c’est là.

Goûter à l’Orientale

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Je vais légèrement digresser du thème de ce Lundi à deux d’Alice & Zaza sur le thème du goûter, pour te faire visiter le lieu de notre dernier goûter mémorable.

Ce ne sont pas les tentations qui manquent à Paris, et la liste serait longue des endroits mythiques où je rêve de prendre le thé, à commencer par les grands classiques. J’ai ainsi pu aller chez Angelina ou au Loir dans la Théière par exemple, et ça faisait longtemps que je souhaitais prendre le thé à la Grande Mosquée de Paris. L’occasion s’est présentée à la suite d’une balade hier au Jardin des Plantes dont je te reparlerai.

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Il y a toujours beaucoup de monde qui attend devant le salon de thé, il faut dire que les tables extérieures couvertes de divines mosaïques et à l’abri des palmiers sont très prisées – mais également en plein dans l’entrée, pas très agréable j’imagine de sentir que les clients suivants lorgnent sur ta place. Pourtant à l’intérieur il y en a de la place, dans une enfilade de superbes salles orientales vers lesquelles te dirige un monsieur très pressé, « allez allez, on avance ». Pas très agréable, la rançon du succès. Pas trop le temps d’admirer les différentes salles et de prendre autant de photos que tu le souhaiterais.

Une fois que tu as pris place dans ton petit fauteuil autour d’un immense plateau en cuivre, un serveur déambule de salle en salle avec un grand plateau de verres de thé à la menthe qu’il distribue à 2 euros la boisson. Pour les gâteaux tu peux aller faire ton choix (rapidement, le stand est situé en plein dans la file d’attente) de pâtisseries orientales (cornes de gazelle, baklawas, loukoums…). Heureusement, le thé et les gourmandises sont un délice, le décor est une merveille, mais la foule nous dissuade de revenir en arrière pour explorer l’endroit. On est dimanche après-midi après tout, je reviendrai à une époque plus calme.

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Le magnifique jardin mauresque de la Mosquée se visite, nous nous sommes contentés pour cette fois d’y jeter un oeil depuis l’entrée, mais c’est certain que nous reviendrons profiter de ce dépaysement total – et qui sait, profiter du hammam ?

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Salon de Thé de la Mosquée de Paris, 39 rue Geoffrey Saint Hilaire Paris 5e.

« L’Indolente », la vie privée d’un peintre

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Impossible d’évoquer l’oeuvre du peintre Pierre Bonnard sans penser à ce corps de femme qui figure dans bon nombre de ses tableaux, toujours nue, toujours indolente, femme à la toilette, assoupie ou dans une baignoire ; des formes pleines et jeunes, souvent de dos, parfois des petits bouts d’elle dans l’encadrement d’une porte ou le reflet d’un miroir.

Je ne la trouve pas dans l’ombre de Pierre, mais dans la lumière de ses toiles. Il la montre en continu et je ne m’en lasse pas.

Cette jeune femme c’était Marthe, qui fut sa compagne entre 1893 et 1942. Mystérieuse Marthe qui ne semblait pas avoir un caractère des plus faciles aux dires de l’entourage, fuyante et sauvage, perpétuellement souffrante, à qui l’on a même reproché d’isoler le peintre – ce qui était méconnaitre son caractère, effacé et discret. Marthe lui apportait le réconfort nécessaire aux artistes qui doutent, elle était sa muse.

L’union de ces deux là eut des conséquences judiciaires inattendues, ce qu’on appela l’affaire Bonnard : par coquetterie ? désir de séduire ? Marthe mentit à Pierre sur son identité, son passé, sa famille, et Bonnard amoureux la prit comme telle. Mais lorsqu’ils décédèrent, à cinq ans d’intervalle, la succession du peintre prit une tournure inattendue, faisant ressurgir le passé, le vrai nom et les ayant droit de Marthe de Méligny.
Françoise Cloarec retrace les années de procédure qui s’ensuivirent, avec toutes les questions soulevées par les droits des artistes. Quand art et droit s’emmêlent, c’est à la fois tragique et passionnant, et ce n’est pas le moindre mérite de l’ouvrage de nous inciter à nous replonger dans les tableaux colorés et lumineux de Pierre Bonnard.

 

L’Indolente de Françoise CLOAREC, Editions Stock  ★

 

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Et pourquoi pas Dylan ?

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Moi aussi, comme toi sûrement, quand le nom du Nobel de Littérature est sorti hier j’ai levé un sourcil. Bob Dylan, mais saperlipopette c’est pas un écrivain les amis ? Et puis en parcourant la foire d’empoigne qui a démarré aussi sec sur les réseaux qui n’ont plus de sociaux que le nom, j’ai mis en marche la machine à réfléchir – attention, ça va fumer.

Qui est Bob Dylan ? Un chanteur, oui ok mais pas seulement. Depuis les années 60 imagines le nombre de textes qu’il a sorti (allez, on parle de 500 chansons, on n’est plus à une près) en plusieurs vies artistiques (acoustique, électrique, folk, rock, mystique…), et pas n’importe quels textes, des pamphlets politiques, engagés et antimilitaristes, des déclarations d’amour mais pas des sonnets à la Ronsard hein, des textes fleuves sans refrain, ce qu’on ne peut donc pas lui retirer c’est que c’est un poète, un artiste qui joue et jongle et fabrique du rêve et des sensations et des émotions avec les mots (relis ses textes, pitié), alors OUI c’est un poète, or est-ce qu’un poète ne mérite pas le Prix Nobel ? Hmm ?

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Est-ce que d’autres méritaient le Prix plus que lui ? Moi aussi j’ai mes favoris les gars, ça fait des années que j’attends que le nom de Joyce Carol Oates sorte du chapeau suédois, mais on n’est pas au tiercé, et les prochaines années on sait bien que Murakami ou Philip Roth finiront par être récompensés aussi. C’est quand même drôlement rassurant que le Jury du Nobel ait l’embarras du choix entre plusieurs noms dans le monde de fous furieux qui est devenu le nôtre, non ??

Est-ce qu’un Prix Nobel ce n’est pas quelqu’un qui a changé le monde, d’une manière ou d’une autre ? Qui l’a fait avancer ? Oui, alors si tu penses que Dylan n’a pas influencé le monde de la musique et le monde tout court depuis plusieurs générations, c’est que tu es trop jeune (et moi aussi, aha), mais saches tout de même que ses textes c’est pas du M.Pokora (pardon Matt, je t’aime bien, mais entre nous tu n’auras jamais le Nobel) et sont nourris de références littéraires et pas des moindres. Et que dire de son influence à lui sur la génération rock ? Sans Dylan point de Leonard Cohen, point de Rolling Stones, point de David Bowie, point de Jeff Buckley, point de Zaz… oh, wait !! Il serait amusant de connaître le nombre de reprises qui ont pu être faites de ses textes, ce doit être vertigineux.

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Non, je ne considère pas que Dylan est un Dieu, je vis avec quelqu’un qui le prend pour un Dieu, nuance. De ce fait, depuis plus de 20 ans je cohabite avec la discographie quasi complète du Monsieur (j’entends déjà la voix de mon petit mari en fond sonore : non c’est pas vrai  il me manque la version acoustique du concert donné en 1964 dans une petite salle d’Alabama avec 2 cordes et un harmonica, ok chéri mets ça sur ta liste pour Noël), ce qui me rend familière du phénomène mais pas totalement accro non plus : la voix de Dylan n’a pas super bien vieilli, et lorsqu’on entend ses dernières prestations j’ai un réflexe de Pavlov qui me fait crier COIN COIN, tant on dirait maintenant qu’il chante avec une pince à linge sur le nez (en même temps il a survécu aux années 60-70, imagines ce qu’il a emmagasiné dans le tarin)(tiens, on vient de me faire passer les papiers du divorce). Donc NON je ne suis pas sa première fan, et OUI je trouve ça vraiment bien ce Prix.

Je crois que lorsqu’on aime les mots, on ne peut qu’approuver. Je crois que lorsqu’on souhaite récompenser une personne qui a fait bouger et progresser le monde des mots (comme un chercheur qui aurait découvert un microbacille) on ne peut qu’approuver.
Je crois aussi que provoquer des discussions autour de ce qu’est ou pas un Prix Nobel de Littérature est absolument jouissif, même si on lit au passage beaucoup de conneries. Que ceux qui disent « et pourquoi pas les Bogdanov pour un prix Scientifique (COIN COIN) ?? », pitié, compares ce qui est comparable ! Et files écouter l’album Blonde on Blonde, pour commencer.

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Série de photos Barry Feinstein